Geoffrey CHIRICO            

   Consultant & Préparateur Mental

                                      Optimisation de la Performance

                       

Articles, Ressources, Bibliographie   

Cette section regroupe des tribunes brèves, rédigées spécifiquement pour vulgariser certains concepts inhérents au management, aux neurosciences et à la préparation mentale.  (Temps de lecture : 5 min)

Oser le pari de la confiance !

27/07/2023

Oser le pari de la confiance !

 

Entre fiabilité et croyance…
En management, il est fréquent de trouver le terme « confiance » dans la plupart des projets institutionnels. Ah, la confiance ! Un des fondements essentiels des relations humaines constructives et réciproquement profitables, consacrant en sociologie l’idée même de progrès sociétal. Sans elle, il serait alors quasi impossible de mettre sur pied le moindre projet collectif, condamnant ainsi la démocratie à sa propre perte, noyée sous un déluge de craintes et d’incertitudes à venir.

 

A la base, la confiance qui s’établit entre deux personnes est donc le fruit d’une évaluation rationnelle entre le coût et les bénéfices à l’engagement, soutenant ainsi quelques enchâssements d’intérêts. Une façon très mathématique de ramener la notion de confiance à un composant lambda de l’économie de marché… La fiabilité de la prévision renforcerait alors les liens humains, en nourrissant la perception d’un lendemain plus stable et moins incertain. En somme, une représentation plus sécurisée de l’avenir dans la mesure où nous pourrions plus facilement compter sur la maîtrise et les capacités d’autrui.

 

Toutefois, mesurer la notion de confiance à sa seule dimension cognitive semble quelque peu réducteur. A ce propos, Georg Simmel invite à considérer que « faire confiance » implique nécessairement une part d’ignorance. En effet, quiconque aurait en main les clés exactes du futur, n’aurait alors plus besoin de gager dessus ! Ce non-sens éloquent tend à montrer que le pari de la confiance inclut aussi l’instinct d’une dimension plus irrationnelle et plus affective, prenant généralement la forme d’une croyance « aveugle » envers l’autre. Au-delà des preuves de sa fiabilité, c’est également avoir le courage de croire en quelqu’un pour ce qu’il est, et la sécurité morale qu’il inspire à travers ses valeurs intrinsèques. C’est admettre par-dessus tout une certaine vulnérabilité envers autrui, en espérant que la force progressiste de cette relation surpasse toujours le risque éventuel de causer un certain préjudice. En fin de compte, c’est se fier à l’autre pour espérer se construire davantage et progresser continuellement. Mais il reste alors à définir pour quelles raisons cette « foi humaniste » se manifeste de manière inattendue auprès de certaines personnes en particulier ?

 

Prise de risque et indépendance…
La question est loin d’être anodine. Car en réalité, la confiance ne se décrète pas sur simple volonté. De même qu’elle ne peut être exigée sur demande. C’est reconnaître là encore qu’elle renferme une certaine prise de risque subjective. D’ailleurs, il s’agit d’un processus bien connu qui fait écho à la confiance primaire accordée à ses parents durant le plus jeune âge. Une vulnérabilité « de principe » n’ayant d’égal que la responsabilité considérable qui repose alors sur les épaules de celles et ceux qui doivent s’en montrer à la hauteur. L’adulte tente alors d’apporter à l’enfant un certain degré d’indépendance, en lui permettant d’exister par et pour lui-même. Ainsi, il s’affranchit peu à peu des autres et construit notamment sa propre identité.

 

Mais bien que solidement affirmé, personne n’est jamais totalement indépendant des autres ! Pour preuve, chacun est susceptible un jour ou l’autre de devoir s’en remettre à la fiabilité d’autrui dans un contexte où il n’aura pas la maîtrise de la situation. Inéluctablement, le pari de la confiance semble donc à l’affût de la moindre rencontre. Et de toute évidence, nous croirons davantage en celui qui par sa simple présence, renvoie les signaux rassurants d’une forme de sécurité affective, particulièrement réminiscente du vécu d’enfance dans lequel nous avons été cajolés.

 

Ainsi, la vie oscille tel un pendule entre maîtrise et vulnérabilité soudaine, dans un cycle infini d’interdépendance sociale. La réciprocité de la croyance en l’autre invite alors des perceptions qui semblent partagées, à leur manière, dans les sphères de l’Education la plus élémentaire. Une résonnance subjective, qui ne souffre d’aucune temporalité particulière pour ressurgir au détour de la moindre occasion ! Pour peu qu’enfant, la croyance « aveugle » ait été solide et constructive, alors il ne fait aucun doute que même adulte, nous ayons l’envie et le réflexe d’y revenir à nouveau. Avec quiconque saurait s’en montrer digne. Pour se construire infiniment. 

 

Geoffrey CHIRICO – Août 2023

Faites de beaux rêves !

18/04/2021

Faites de beaux rêves !

 

L’efficacité des vendeurs de rêves...
« Je voudrais devenir fort mentalement, être un vrai roc ! » Voici ce que me disent généralement mes futurs coachés, lors du premier entretien. Dans les termes, c’est un peu comme le syndrome des régimes minceurs. Beaucoup d’entre eux évoquent alors tel livre, telle méthode ou telle astuce comme quelque chose qui a retenu récemment leur attention ! Et vous les retrouvez chaque jour sur le fil d’actualité des différents réseaux sociaux, bien sûr ! Toutes ces offres faisant promotion de LA méthode révolutionnaire, vous promettant de faire de vous en quelques semaines, un compétiteur au mental d’acier ! Webinaire gratuit, formations alléchantes, révélations « secrètes » ou « inédites » etc. Surfant habilement sur le registre émotif, tous les artifices sont là pour générer le « click » du sacro-saint prospect tant recherché. A tel point que c’en est presque devenu indigeste pour les plus passionnés d’entre nous. Mais alors, quelle lecture faut-il avoir de toutes ces promesses, dans l’absolu ?


Ne nous méprenons pas sur les qualités de tous ces coachs qui maîtrisent en outre l’art du web marketing à la perfection ! Parce que généralement, ils sont aussi bons (sinon meilleurs…) que les autres dans leur domaine et là n’est pas la question finalement... Du reste, ces offres répondent pleinement à la demande exprimée, puisque l’on y retrouve un lot pertinent d’outils et d’exercices favorisant le développement des compétences mentales. Le prospect est alors conquis, dans la mesure où son rêve lui est « promis » dans un délai record, avec un sentiment remarquable de simplicité. Un vrai miracle, si j’ose dire ! 

 

Cependant, collectionner les astuces « magiques » n’a jamais garanti pour quiconque, une véritable transformation de soi ! Or s’agissant de la préparation mentale, c’est précisément cette intention-là qui m’importe. Car dans les faits, si certaines techniques semblent fluides au premier abord, leur usage l’est en revanche nettement moins. Il me paraît donc plus honnête d’expliciter ce qu’une démarche d’accompagnement devrait être en tant que tel.

 

Sans entraînement, pas de transformation !
Très souvent, celles et ceux que je vois courir perpétuellement derrière leurs objectifs ont en réalité le même symptôme : ils ne pratiquent pas assez ! Déconnectés trop fréquemment de l’action, ils sont alors prisonniers d’une vision édulcorée de ce qu’ils aimeraient être. Qui plus est lorsque les outils mentaux leur sont présentés sur la toile, comme de véritables élixirs de sobriété.


Bien que le contenu des séances soit un élément clé de progression, il me paraît plus essentiel qu’un préparateur mental insiste sur le temps et l’énergie qu’un coaché doit être prêt à consacrer pour devenir plus résilient « dans sa tête » ! N’en déplaise aux adeptes du « vite fait, bien fait », prétendre renforcer son mental sur la base de quelques séances dispersées çà et là, est une idée fallacieuse ! Et là encore, je risque de défendre un propos peu séduisant, peu plaisant et peu vendeur. Travailler dur, dites-vous ? 


Je vais être très clair : un outil mental peut avoir une influence réelle sur un résultat à partir du moment où il est pratiqué avec la rigueur et l’assiduité qui favorisent son ancrage ! De la même manière qu’un athlète travaille ses gammes quotidiennement, toute préparation mentale doit être inscrite dans un plan d’entraînement méthodique, dont l’évaluation des acquis est formalisée. Ceci exige alors de chacun l’engagement le plus sérieux qui soit, de nature à orienter parallèlement sa propre gestion du temps et des priorités. En d’autres termes : pas d’implication, peu d’action, peu de progrès mesurables ! 


En définitive, un préparateur mental attaché au suivi continu de l’entraînement qu’il prescrit, renvoie le signe d’une volonté d’agir pour la transformation. Or il s’agit là d’un indicateur tangible de qualité professionnelle, témoignant d’une approche méthodologique infiniment plus aboutie. Car la seule « recette miracle » qui vous permette peut-être un jour de toucher du doigt vos plus grands rêves, c’est à n’en point douter la volonté de s’entraîner. Alors action ! 


Geoffrey CHIRICO – Avril 2021

Tchouker or not Tchouker ?

10/05/2020

Tchouker or not Tchouker ?

 

Un cocktail d'aptitudes...
L'origine de cette pratique est le pari du Dr Hermann Brandt, probablement navré de panser à la chaîne tous ces sportifs dont la récurrence des blessures semble être la conséquence de règles du jeu un peu trop pugnaces...! Ce rapport à la force physique existe d'ailleurs sans équivoque dans les sports codifiés de « préhension ». L'esprit de compétition y est alors pleinement justifié par l'emploi de techniques corporelles strictement réglementées, en vue de contrôler et maîtriser un opposant. Toutefois, la plupart des sports que nous observons admettent intrinsèquement l'agressivité ou les contacts accrocheurs comme un moyen opportun de défendre une position, récupérer une balle, ou prendre le dessus sur un adversaire. « Cela fait partie du jeu », entendons-nous ici et là, en toute légitimité ! En suivant cette logique, beaucoup de sportifs intègrent alors inconsciemment cette opportunité dans leur stratégie de jeu, quitte à favoriser la confrontation pour s'imposer à autrui par le corps. Et peu importe d'ailleurs les déboires physiques qui pourraient en résulter...!


L'intention principale de Brandt est donc de mettre en valeur un sport innovant, épargné de toutes formes de contacts physiques entre les joueurs, pour en préserver sur le long terme leur biomécanique essentielle. Un excellent moyen de responsabiliser chaque joueur sur le développement de ses capacités motrices ordinaires, comme source principale de performance. Mais pas seulement... ! Car dans un tel cadre, c'est toute une culture de l'intelligence de jeu qui redevient centrale. Les qualités de réflexion, d'attention ou encore la capacité à se concentrer sur l'instant présent se réclament d'un état de fluidité collective, où chaque joueur est sublimé dans ses aptitudes, par une solide cohésion de Groupe. Le corps et l'esprit.

 

… au service d'un fort message éducatif
Et c'est précisément sur ce point que le Tchoukball prend une hauteur de vue conséquente ! En effet, si l'essence même du jeu élimine toute logique de contact, s'imposer à l'adversaire réoriente la compétition sur l'exécution d'un geste précis, la vivacité d'un déplacement utile ou bien encore une lecture de jeu pertinente... En soi, l'enjeu compétitif exclut alors toute perspective de combat au « corps à corps », pour faire valoir l'aptitude motrice la plus stricte. Et n'est-ce point là un retour aux fondamentaux de l'esprit sportif originel ? Possible, mais il y a encore plus étonnant.


Être à ce point débarrassé des petites querelles d'ego sur le terrain redistribue naturellement toutes les cartes de la performance ! En effet, la dynamique collective devient dans ce contexte un catalyseur des qualités motrices intrinsèques de chacun des joueurs. Plus que jamais, la recherche de la cohésion de groupe devient en soi, la clé du succès ! Renforcer l'attention que l'on porte à ses partenaires, mieux se connaître et mieux se comprendre les uns les autres. Faire en sorte que l'intuition collective devienne un arsenal détonant, pour mieux soigner les phases de jeu et prendre ainsi les décisions les plus justes, les plus fluides, les plus efficaces. Permettre à chacun en somme, de donner le meilleur de soi-même au service de la « Team ».


Ainsi, il n'est pas surprenant que le Tchoukball ait pris du galon ces derniers temps dans de nombreuses programmations scolaires. C'est dire qu'il est considéré par un contingent grandissant de professeurs de sport, comme un outil éducatif à part entière. Quoi qu'on en dise, un jeu qui exalte des capacités motrices de forte intensité, couplées au développement d'un état mental vecteur de respect pour autrui, d'attention et de cohésion. Le tout en prévenant de surcroît, la résurgence ordinaire des blessures liées aux contacts dans le jeu, tantôt anarchiques, tantôt opportunistes. Tant d'avantages pour si peu de contraintes... Au final, il me semble alors que peu importe la question, « tchouker » soit une réponse.


Geoffrey CHIRICO – Mai 2020

La flemme, ou l'art inavoué de la procrastination...!

04/03/2019

La flemme, ou l'art inavoué de la procrastination...!

 

Un héritage biologique...
Pourquoi remettre au lendemain ce que nous pourrions faire aujourd'hui ? Voilà une expression séculaire, qui n'a concrètement rien de mystérieux. En fait, le neurobiologiste Henri Laborit nous explique que « tirer aux flancs » ne traduit pas tant une intention flemmarde de la nature humaine, qu'une réaction purement instinctive au-devant d'une action déplaisante ou chronophage voire complexe. En somme, un éloge de la fuite face à une certaine forme de contrainte.

 

Et c'est plus particulièrement dans le complexe amygdalien (partie limbique du cerveau) que la mécanique s’emballe. Pour simplifier à l’extrême, cette sorte de radar décode et évalue depuis des temps immémoriaux ce qui dans notre environnement proche peut constituer quelque chose de perturbant. Dans les faits, la glande médullo-surrénale libère entre autres de la noradrénaline (précurseur de l’adrénaline) puis du cortisol qui en stimulant nos principales fonctions biologiques prépare le corps à réagir et s’adapter face à l’agent perturbateur. Les stratégies envisagées sont alors sans équivoque : affronter ou contourner la problématique ! Or quelque chose semble nous pousser régulièrement à choisir plutôt la fuite face à ces situations anxiogènes. Procrastiner devient alors une option héritée du passé, qui s’invite au carrefour de nos dilemmes quotidiens. Pourtant, les contraintes que nous vivons aujourd’hui n’ont plus grand-chose à voir avec la hantise préhistorique de voir soudain apparaître un mammouth sur notre chemin ! Quel est donc le biais mental qui oriente cet arbitrage étonnant ?

 

Biologiquement d’abord, le cerveau humain apprécie particulièrement l’expression populaire rappelant qu’un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras » ! De fait, il est également très attaché au « circuit du plaisir », nous invitant à privilégier dans l’instant une gratification immédiate plutôt qu’un défi laborieux. Et ce même si le « gain » envisageable semble plus conséquent ! Par ailleurs, ce sont des causes psychologiques qui peuvent nourrir l’instinct de contournement. Une gestion bancale des émotions et les réminiscences de certaines croyances limitantes (soit parfait, c’est impossible, je suis trop comme ceci ou comme cela…) sont de véritables freins à l’action ! Le sentiment négatif causé par l’anxiété de la réalisation à venir, engage alors souvent un « switch » consacrant le confort logique d’un bonheur immédiat. 

 

La loi de Laborit...
Pour autant, ceci est loin d'être une excuse légitime pour flemmarder ! Car aujourd’hui, la recherche des actions plaisantes s’est peu à peu enrichie de nouveaux critères : donner du sens aux réalisations, expérimenter davantage ou bien renforcer l’estime de soi. De fait, l’instinct sociologique potentiellement épanouissant confronte l’instinct biologique potentiellement procrastinateur. Nous aurions donc un intérêt à choisir des stratégies pro-actives face aux actions déplaisantes, pourvu qu’elles portent en elles les effets d’une certaine forme d’épanouissement personnel.

 

Concrètement, Laborit nous conseille donc au quotidien de s'atteler en premier lieu à la résolution des travaux les plus pénibles. Autrement dit, s’y attaquer fort, directement ! Ainsi, l'organisation globale peut gagner en efficacité, puisque les tâches complexes ou pénibles ne risquent plus d’être ajournées. En effet, qui peut prétendre évaluer avec exactitude, le temps pendant lequel il va repousser les tâches contraignantes, lorsque toute cette mécanique hormonale tentera justement à chaque instant de le convaincre de procrastiner ? Délicat de le chiffrer, n’est-ce pas ! En tout cas plus complexe que d’évaluer dès maintenant le temps que chacun décide d’allouer à l’affront d’une tâche pénible. De plus, l'énergie apportée au traitement d'une mission évaluée au départ comme quelque chose de fastidieux, draine un véritable sentiment du « devoir accompli », en faveur de l’instinct sociologique épanouissant. En somme, la satisfaction ressentie parait alors bien supérieure à celle que nous aurait apporté le chemin « le plus facile », c'est à dire celui de la fuite. Une affaire qui ne semble donc pas échapper aux vertus d’une bonne préparation mentale.

 

Nul n'est besoin de s'y attarder davantage ! Au-delà des apports organisationnels pour l'entreprise et de l'efficacité du traitement des tâches quotidiennes, Laborit ouvre là une démonstration neuroscientifique accréditant la philosophie selon laquelle un « plus grand bonheur » est une perception qui se gagne à la sueur de ses efforts. 

 

CHIRICO Geoffrey – Mars 2019

Quelques ouvrages référence

 

Christian TARGET - La Méthode Target : de la théorie à la pratique (2016)

Daniel GOLEMAN - L'intelligence émotionnelle intégrale (2014)

Henri LABORIT - L'éloge de la fuite (1976)

Mark F BEAR - Neurosciences : à la découverte du cerveau (2016)

Loretta GRAZIANO BREUNING - Vos hormones du bonheur en lumière (2014)

Paul EKMAN - Emotions Revealed (2004)

Boris CYRULNIK - Un merveilleux malheur (2002)

 

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